L’habitat participatif est, pour nous, une démarche globale qui répond à des aspirations sociales, environnementales, culturelles et économiques. C’est un projet que nous voulons porteur de valeurs, ancré dans l’espace et le temps.
Ces intentions partagées ont vocation à fixer un cap.
Elles évolueront autant qu’il sera nécessaire au fil du temps. Chaque participant.e de Graines de Vie 56 s’engage à y contribuer du mieux qu’il/elle peut, individuellement et collectivement, en confiance, avec pédagogie, tolérance et humilité.
Vivre ensemble en lien avec notre environnement
Ce chapitre a pour objectif de présenter nos valeurs, nos richesses humaines qui seront en action dans notre habitat et dans nos échanges avec notre environnement.
QUELLES SONT NOS VALEURS ET COMMENT VOULONS-NOUS LES VIVRE ENSEMBLE ?
Comme nous l’avons exprimé dans notre raison d’être, nous sommes dans une perpétuelle recherche d’équilibre entre le je•le toi•le nous. Equilibre que nous recherchons aussi avec l’environnement de notre habitat et le monde au sens large.
La vie en habitat partagé nous invite à la clairvoyance sur nos ressentis, nos besoins, nos limites et la façon de les exprimer. Nous sommes donc invité.e.s à un ancrage et un développement personnel qui favoriseront la qualité de la vie collective.
Nous sommes également invité.e.s à penser « système groupal » autant que nous le pouvons, c’est-à-dire à veiller aux interactions entre co-habitant.e.s et à être attentif.ve.s aux besoins de chacun.e.
Chaque membre du collectif porte la voix et l’image du groupe d’habitant, ses valeurs, sa raison d’être… qu’il ait ou non une délégation « officielle » (par exemple pour les relations avec la banque).
Parmi les valeurs humaines fortes que nous voulons vivre, citons le partage, l’entraide, la solidarité, le respect et la créativité.
Le partage est spontané, notamment dans les espaces communs, ou organisé suite à des discussions en collectif.
Différents types de partage sont possibles (liste non exhaustive) :
Le partage de nos cadres de référence et de notre style de vie
Tout en gardant son indépendance d’esprit, chaque adhérent.e de l’association/cohabitant.e se reconnaît dans les textes fondamentaux du groupe en n’y opposant pas d’objection ou s’il y en a une, en faisant une nouvelle proposition.
Nous souhaitons partager la convivialité, la joie, le temps, l’écoute, les rires (y compris de soi-même) et nous soutenir dans les épreuves de la vie.
Le partage des informations
avec une vigilance à ce qu’elles soient facilement accessibles aux cohabitant.e.s comme à un public plus large sans pour autant les surcharger.
La participation aux réunions de groupe (en visio ou en présentiel) est attendue de chaque adhérent.e/cohabitant.e.
Nous avons bien conscience de nos différences de disponibilité, l’idée étant de faire encore une fois au mieux et avec tolérance. En cas d’absence, nous sommes invité.e.s à lire le compte-rendu de la rencontre et à transmettre nos objections ou leur absence au plus tard lors de la rencontre suivante. Ces espaces d’échanges permettent aussi le partage de compétences, d’expériences, d’idées et de propositions.
Le partage des espaces communs
Les essentiels seront des espaces de vie au cœur de l’habitat : la salle et la cuisine communes. Nous mutualiserons aussi un atelier bricolage, un atelier couture, une buanderie, un potager, un jardin d’agrément avec une agora, une ou des chambres d’amis et bien d’autres espaces… Nous veillerons autant que possible à leur polyvalence.
Nous y ferons s’épanouir au mieux nos valeurs et notre vision du vivre ensemble.
Le partage de certains de nos achats alimentaires ou d’équipements
Le partage des activités
Faire ensemble « à notre envie » est un des liants du groupe et quelles que soient les compétences des personnes, nous nous apprenons mutuellement. Chaque place a son importance dans un esprit de réussite des tâches et d’ambiance détendue. Selon les activités, nous serons tantôt source de proposition, organisateur.trice, expert.e, petite main, etc.
Des exemples possibles : les travaux et l’entretien, l’accueil, les sorties, tout ce qui concerne la cuisine et la convivialité, le jardin potager et agrément, la réalisation d’artisanat…
L’entraide et la solidarité sont également des valeurs fortes du projet. Elles peuvent se vivre tant par des actions régulières que ponctuelles, se matérialiser et/ou être relationnelles.
Par exemple : prendre des nouvelles des un.e.s et des autres en respectant les limites de chacun.e, proposer un service (courses, covoiturage, bricolage…) ou un coup de main.
Nous serons vigilant.e.s à l’équilibre du donner-recevoir-rendre selon l’expression des possibilités et des besoins de chacun.e. Le choix de notre statut juridique traduira également ces valeurs. Nous souhaitons favoriser l’épanouissement des enfants en leur permettant d’éprouver et de développer la sociabilité, la solidarité, le dialogue aussi bien dans les loisirs que dans la participation à la vie collective des lieux.
Le respect peut se décliner de multiples manières :
Nous partons du postulat que chacun.e fait de son mieux, donne le meilleur de lui-même/elle-même en fonction de ses possibilités. Nous souhaitons que la diversité de nos savoirs, savoir-faire et savoir-être s’exprime selon les activités et le moment.
- Respect de nos différences de rythmes, de situations, de compétences…
- Respect de la confidentialité quand elle est demandée
- Respect de l’intimité de la personne et des foyers
- Respect de la liberté de conscience ou de croyance dans un esprit de laïcité.
La créativité
La créativité pétillante passe par le faire ensemble, par des réalisations concrètes, autant qu’il sera souhaité et réalisable.
Nous la cultivons également pour trouver des solutions face aux questions qui se posent. Nous sommes ainsi invité.e.s à « penser large » pour que toutes les propositions s’expriment. Nous souhaitons être sources d’inspiration les uns pour les autres en développant notre intelligence collective.
QUELLES VALEURS VOULONS-NOUS METTRE EN ŒUVRE AVEC L’ENVIRONNEMENT DE NOTRE HABITAT ?
Elles sont une continuité de ce que nous vivons dans notre habitat.
Les modalités de ces échanges sont validées en réunion de cercle avec une vigilance à l’équilibre entre l’engagement auprès de notre territoire, la cohésion de notre groupe et la vie de chacun.e de ses membres.
Parmi les valeurs humaines que nous voulons partager avec le tissu social de notre habitat participatif, nous priorisons l’ouverture, le partage de notre expérience et le soutien aux producteurs et artisans locaux.
L’ouverture
passera par la présentation de notre projet à toute personne qui le souhaite et notamment auprès des élus, des voisins, des partenaires locaux tels que les associations.
Nous souhaitons, si possible, partager aussi notre art de vivre ensemble, nos compétences, nos savoir-faire et être disponibles pour recevoir ce qu’on voudrait nous donner. En complément des rencontres organisées ou spontanées, nous pourrons mettre à disposition certains de nos espaces communs pour un temps plus ou moins long.
Nous ouvrirons également nos espaces communs en fonction des besoins du territoire sans se substituer aux responsabilités des partenaires.
Dans les cas de mise à disposition de locaux, en complément de l’accord obtenu en réunion de cercle, il faudra prévoir une convention notamment pour des questions d’assurance et d’indemnisation (ex coût partagé de l’énergie…). Une association créée par les co-habitants pourra gérer cela.
Le partage de notre expérience
et de nos documents est aussi une de nos valeurs fortes car nous avons bénéficié de l’aide d’autres groupes d’habitat participatif et de réseaux tels que HPO et Habicoop. Si nous pouvons aider/inspirer à notre tour, nous en serons heureux.
Le soutien
autant que possible aux producteurs et artisans locaux (agriculture, matériaux…) traduira notre ancrage dans le territoire et nos engagements en faveur de l’écologie.
Un projet d’habitat durable et accessible pour un meilleur vivre-ensemble
Ce chapitre nous invite à réfléchir et à prendre la mesure de l’impact de notre mode vie sur nous-mêmes, les autres et notre planète, au présent et pour les générations futures.
Graines de Vie 56 envisage un habitat participatif au plus près de la nature, non loin d’un « bourg animé », avec le souhait d’une réelle intégration sur le territoire.
DÉMARCHE DE DURABILITÉ, QUELLES SONT NOS INTENTIONS ?
Ces intentions se manifestent au sein de notre habitat participatif par :
- notre volonté de créer un lieu pérenne au-delà des initiateur.trice.s,
- notre ambition de concevoir un habitat solidaire et des relations équitables,
- notre souhait de préserver les ressources naturelles et énergétiques de la planète,
- notre souci de protéger le vivant.
Notre volonté est de participer activement aux recherches de solutions et d’être acteurs des changements à construire.
1. En quoi consiste notre volonté de créer un lieu durable au-delà des initiateur.trice.s ?
L’habitat participatif permet, grâce à la mutualisation des espaces communs, intérieurs comme extérieurs, de réduire la surface des espaces privatifs et par conséquent de diminuer l’artificialisation des sols.
Dans le respect des contraintes urbanistiques et environnementales, une rénovation avec extension éventuelle d’un ou de plusieurs bâtiments est à privilégier.
La recherche d’un statut juridique permettant de détacher le bien acquis de la propriété privée, l’anticipation des modalités de départ et des conditions d’accueil des nouveaux foyers, sont des gages de continuité du projet.
Concevoir un habitat durable, c’est également prendre en compte les besoins des personnes qui vont vieillir et potentiellement perdre de leur autonomie. À ce titre, il est envisagé de concevoir certains logements accessibles aux personnes en situation de handicap.
2. Comment conçoit-on un habitat solidaire et des relations équitables ?
Notre ambition :
- une solidarité financière entre les foyers,
- une maîtrise de la spéculation voire une non-spéculation,
- une gouvernance horizontale.
L’objectif est de viser une mixité sociale et générationnelle avec des montants d’apports et des revenus diversifiés.
Notre volonté est de nous éloigner du champ de la spéculation immobilière. Lors de la sortie d’un foyer, il est nécessaire de faciliter l’accessibilité au logement pour les nouveaux/nouvelles arrivant.es en préservant l’équilibre financier global de l’habitat participatif.
Une gouvernance horizontale se décline sous la forme d’1 personne = 1 voix, c’est une démarche sociocratique qui se base sur la participation active de chacun.e. Les décisions seront prises indépendamment du nombre de m2 habités ou du montant de l’apport afin que chaque habitant.e se sente responsabilisé.e et respecté.e et prenne toute sa part équitablement dans les différentes étapes de préparation et de vie du projet. Chacun.e participe, ainsi, en toute connaissance de cause, à la gestion en commun et contribue à faire grandir le projet en mobilisant l’intelligence collective, en valorisant ses envies, son enthousiasme, son appétence, ses compétences, son rythme…
3. Comment souhaitons-nous contribuer à préserver les ressources naturelles et énergétiques de la planète ?
Notre collectif souhaite vivre dans un environnement sain : sur un terrain non traité, protégé des ondes électromagnétiques, et en utilisant des matériaux de construction biosourcés.
La démarche la plus efficace pour réduire notre empreinte écologique est de diminuer nos besoins concernant nos modes de consommation, nos déplacements, notre utilisation des énergies et de l’eau.
La seconde condition est d’adapter nos modes de consommation, en priorisant une approche circulaire, comprenant notamment :
- éviter tout gaspillage,
- trier nos déchets,
- produire nous-même, notamment l’énergie et l’alimentation,
- favoriser autant que possible la récupération (matériaux, eau, objets…),
- mutualiser les achats et l’utilisation des objets en commun,
- privilégier les achats locaux et respectueux de la santé
4. Comment cet habitat peut-il contribuer
à protéger le vivant ?
Nous aspirons à acquérir un bien au plus près de la nature.
Dans cet environnement, nous souhaitons, si le lieu le permet, préserver différents types de zones en tenant compte de nos besoins et de ceux du vivant :
- Une zone de jardin d’agrément, permettant aux habitants de se ressourcer et de se retrouver car la convivialité, la joie stimulée par la poésie et les couleurs d’un jardin font partie intégrante du projet.
- Une zone de production alimentaire, travaillée selon les compétences et l’appétence des habitant.e.s, dans l’intention non seulement de s’approcher d’une certaine autonomie mais aussi de développer des apprentissages, de transmettre, de partager avec l’extérieur. Cette zone pourrait regrouper un potager et une serre, un poulailler, un verger ou des ruches…
- Une zone en friche, laissant s’épanouir la biodiversité. Cette friche pourrait être un bois, une zone humide, une parcelle en jachère…
- Et peut être une zone d’activité agricole biologique mise à disposition d’un.e paysan.ne, qui serait un gage de notre engagement pour la préservation des sols.
Ces différentes zones devront toutes être en cohérence les unes avec les autres et seront exemptes d’intrants chimiques.